Histoire de Millétoiles
La culture du feu d’artifice
L’histoire de Millétoiles est le fruit d’une passion de trente ans. J’ai toujours aimé les feux d’artifice et, dès l’âge de 12 ans, j’organisais et tirais des feux d’artifice, même si ceux de l’enfance n’étaient constitués que de produits achetés au bazar du coin.
Je voyais mes grands frères fabriquer de la poudre avec du désherbant et fabriquer de très jolis volcans de couleur jaune, qui illuminaient le sous-bois de notre résidence.
Mais deux choses ont accéléré mon engagement dans ce domaine ; deux faits qui pourront paraitre anecdotiques :
– Mon frère a inventé, sous mes yeux, un système de déclenchement électrique à distance. Une ampoule de flash cube, un fil, un moteur électrique et hop, en tournant la roue du moteur d’un quart de tour, il enflammait un petit tas de poudre à 10 mètres de lui. Et là, je crois bien que les fils se sont touchés dans ma tête.
– Grand adorateur de Sergio Leone et de ses films, je fus très marqué par Il était une fois la révolution où John, dynamiteur Irlandais, déclenchait des explosions à des centaines de mètres avec une dynamo…
J’ai donc passé mon adolescence à faire des expériences. J’avais même fabriqué un mini « Pont de la rivière Kwai », en Bambou, installé dans la forêt, enjambant un ruisseau et consciencieusement miné avec des charges étanches. Le fil était dissimulé et ressortait de l’eau 20 mètres plus loin. Mon plus grand plaisir était de préparer la scène et d’en savourer l’aboutissement. Je laissai ainsi le pont vivre sa vie quelques jours. Mais au fil de mes cours de Lycée, il ne quittait plus mon esprit. Parfois je retournai le voir, écoutant l’eau claire et tranquille s’écouler sous mon œuvre, joliment travaillée et ficelée comme l’original… Et puis je revins avec ma dynamo pour le faire sauter. Mon pont était solide et fut projeté à 8 mètres de haut et retomba pratiquement sans égratignure…
Heureusement, j’étais d’abord un esthète et mon gout pour les explosions fut bien vite remplacé par une idée plus noble : réaliser un feu d’artifice complètement électrique. Il s’agissait toujours des produits achetés au bazar du coin ; Mais cela ne comptait pas. L’important était le mode de déclenchement et la possibilité de simultanéité. Mes inflammateurs électriques étaient fait « maison » et mon premier feu d’artifice électrique fut tiré en 1985. Un échec total dont il serait ici trop long d’énumérer les causes…
Mais cent fois, sur le métier, je remis mon ouvrage et en quelques mois, j’arrangeai mon mode opératoire.
Arrivé à l’âge de 18 ans, je décidai de me rapprocher d’un professionnel parisien. J’appris alors à tirer des vrais feux d’artifice. Je n’oublierai jamais le choc, la première fois que je vis Jean-Marcel, tirer à la main des bombes de 75mm, et surtout de 125mm. A chaque départ, je me reculais de 3 mètres… Plus tard, lors d’un gros feu d’artifice à l’observatoire de Meudon, je fus préposé au rechargement des mortiers de 200mm alors que Monsieur Brézac les allumait avec son cigare. Je crois qu’il me fallait cette trouille et cette expérience pour savoir où je devais m’arrêter. Car les bombes 200mm qui partent à 3 mètres de vous alors que vous en avez deux autres dans les mains, c’est le maximum de folie que je pouvais accepter…
Plus personne ne travaille ainsi aujourd’hui.
Les raisons pour lesquelles Millétoiles voit le jour
Mes études de psychologue du travail font partie de l’histoire de Millétoiles et mon fort attrait pour cette discipline firent que je m’éloignai provisoirement du feu d’artifice ; même si je poursuivis encore quelques années, chaque été.
Et puis je devins effectivement psychologue et non artificier.
Bien sûr, je continuais à faire des feux d’artifice pour ma famille, quelques mariages et autres événements festifs. Mais ma vie était ailleurs. Pourtant, la passion ne cédait pas.
En 2010, j’appris que la licence K4 qui m’avait été donnée pour la vie en 1991, allait devenir renouvelable ; nécessitant de tirer au moins 3 feux d’artifice tous les deux ans pour être entretenue. L’Etat commença ainsi une sinistre inflammation règlementaire. A cause de l’utilisation des artifices de divertissements par des délinquants, ce sont les professionnels qui en ont le plus souffert sans que le nombre d’accidents ait réellement diminué…
Un dilemme se présenta : soit je perdais ma licence, soit je devais tirer plus.
Consultant à mon compte depuis 5 ans, ma boite tournait bien, et une certaine lassitude des processus ressources humaines me fit entrevoir l’idée de me dédoubler et de créer une activité pyrotechnique professionnelle.
En 2012, l’histoire de Millétoiles commence. J’espérais faire 5 à 10 feux d’artifice par an, pour le plaisir et pour garder ma licence. Et j’étais bien décidé à faire de l’artifice comme je l’entendais et pas comme ce que je voyais faire par la concurrence. Je voulais faire des feux d’artifice court, intenses et émouvants, construits autour d’une musique. Je n’avais pas encore compris l’essence de ma démarche : écrire un feu d’artifice pour sublimer une musique et non l’inverse.
L’artifice est l’outil, mais la musique est notre âme.
Cet angle artistique fit mouche rapidement. Dès 2017, il devint difficile de concilier mes activités de conseil RH, mes cours à l’université (200 heures par an) et l’activité pyrotechnique, grisante et fatigante. Je commençai alors à lever le pied sur le conseil RH. Quand on voit le bonheur des gens ; quand on a le retour émotionnel que l’on peut avoir dans ce métier ; et l’adrénaline, faire du conseil en recrutement devient assez secondaire.
En 2018, Isabelle, mon épouse, commença à s’impliquer dans l’activité, apportant sa rigueur organisationnelle, son esprit qualité, sa maitrise des outils informatiques et son entregent incomparable.
En 2019, elle doubla le chiffre d’affaires, renvoyant le conseil RH pratiquement aux oubliettes. Je gardai toutefois la plupart de mes enseignements, parce que cela reste un vrai attrait. J’ai un besoin d’exercer ma pédagogie qui me vient de mon père.
Aujourd’hui, la belle histoire de Millétoiles, nous mène à tirer presque 100 feux par an, avec un panier moyen en constante augmentation. La croissance de notre activité reste à deux chiffres depuis dix ans. Et nous sommes désormais 2 dans la société : mari et femme !
Alors longue vie à Millétoiles.